CAN U-17 : Adama Diefla Diallo, en quête d’histoire et porté par les siens

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Il n’a jamais couru derrière la lumière. Mais à Mohammédia, samedi, Adama Diefla Diallo pourrait bien s’y retrouver projeté. En cas de victoire face au Maroc, pays hôte, l’actuel sélectionneur des U17 maliens deviendrait le troisième technicien à conduire les Aiglonnets vers le sommet continental, après Baye Ba (2015) et Jonas Komlan (2017). Une trajectoire méritée pour ce formateur discret, pilier de l’ombre devenu figure de proue, qui incarne la continuité méthodique d’un projet de fond amorcé il y a plus d’une décennie.

Un héritier du modèle malien

Formé à l’école rigoureuse du football malien, Diefla Diallo ne débarque pas par hasard dans les habits du sélectionneur. Sa nomination en janvier 2024 s’inscrit dans une logique de transmission et de fidélité à un modèle qui a fait ses preuves : celui d’une formation locale exigeante, patiemment bâtie par des hommes comme Baye Ba ou encore Fousseni Diawara. À 41 ans, cet ancien préparateur physique est devenu, à force de travail, le garant d’une méthode où le collectif prévaut sur les individualités, sans jamais étouffer l’expression des talents.

Sous ses ordres, cette génération 2025 s’est affirmée match après match : solide mentalement, disciplinée tactiquement, mais aussi capable de fulgurances techniques. L’identité est claire, les principes limpides. 

Diawara : "Il a engrangé une expérience inestimable"

Pour Fousseni Diawara, aujourd’hui sélectionneur des U23 maliens, l’ascension de Diallo n’est ni soudaine, ni surprenante. Elle est le fruit d’une décennie de dévouement et d’apprentissage constant.

« Je connais Adama depuis plus de dix ans. J’ai vu son évolution de près, et je peux vous dire qu’elle est remarquable, explique Diawara. Il a énormément appris aux côtés de Baye Ba, notamment lors de la Coupe du Monde U17 au Chili en 2015. Ce tournoi, où le Mali avait décroché la médaille d’argent face au Nigeria de Victor Osimhen, l’a marqué. Il a appris de l’intérieur ce que signifiait gérer un groupe dans le très haut niveau. Cette expérience, il l’a capitalisée au fil des ans, avec beaucoup d’humilité. »

L’ancien capitaine des Aigles insiste aussi sur l’intelligence relationnelle de Diallo, notamment dans sa gestion des émotions chez des adolescents parfois fragiles :
« Après la lourde défaite contre la Côte d’Ivoire (4-2) en phase de groupes, beaucoup d’équipes se seraient effondrées. Mais Adama a su trouver les mots justes. Il connaît les mécanismes mentaux de cette catégorie d’âge. Il a parlé aux joueurs avec calme, avec sincérité, et il a su les remettre en marche. Il ne s’emballe jamais, il construit. C’est un technicien fin, posé, qui connaît la psychologie des jeunes joueurs. »

Saintfiet : "Je le soutiens à fond"

Arrivé à la tête de la sélection A en 2024, Tom Saintfiet s’est très vite intégré dans le dispositif malien. Le Belge, admirateur du travail de fond mené par la fédération en matière de formation, n’a pas tardé à afficher son soutien à Diallo : « J’ai beaucoup de respect pour ce qu’il fait. C’est un homme de terrain, un travailleur rigoureux. Il connaît chaque joueur, chaque profil, et il sait adapter son système à ses forces. Le Mali a une vraie culture du football de jeunes, et Adama en est un acteur central. Je le soutiens totalement. »

En interne, les échanges sont fluides, et les passerelles nombreuses entre les catégories. Une dynamique que la Fédération malienne de football a voulu renforcer, en plaçant la cohérence technique et le suivi longitudinal au cœur du projet fédéral. Diallo, homme de confiance, en est un des rouages les plus solides.

Une finale à la portée d’un groupe soudé

Samedi, face au Maroc, les jeunes Aiglons auront un défi immense : briser l’élan du pays hôte, soutenu par un public tout acquis à sa cause, dans un stade El Bachir qui s’annonce incandescent. Mais les garçons de Diallo savent ce que représente ce genre de rendez-vous. Ils en mesurent le poids, l’importance, mais aussi les opportunités.

Lui, ne parlera sans doute pas de revanche. Ni d’exploit. Mais s’il venait à soulever le trophée samedi soir, Adama Diefla Diallo n’aurait rien volé. Juste la reconnaissance d’un travail en profondeur, d’une fidélité aux valeurs maliennes et d’un engagement sans faille pour faire éclore les talents de demain. L’histoire est là, à portée de main. Reste à l’écrire.