CAN U-17 : Burkina Faso, le souffle de la résilience

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Parfois, les défaites racontent mieux une équipe que les victoires. Mardi soir, dans l’enceinte du stade Larbi Zaouli, le Burkina Faso a plié. Deux buts encaissés, pas de finale, des regrets. Mais aucune trahison. Ni de l’idée de jeu, ni de l’engagement, ni de l’identité. « Le Mali a mérité sa place, mais mes garçons ont été dignes. Ils ont tout donné », confiait Oscar Barro, sélectionneur d’un groupe qui a traversé cette CAN U-17 les poings serrés et le cœur ouvert.

Vendredi, toujours à Casablanca, ce sera la Côte d’Ivoire en face. Un derby ouest-africain pour refermer cette aventure sur une note de fierté. 

Un héritage dans les veines

Le Burkina Faso, c’est l’histoire d’un pays rebaptisé en 1984 par Thomas Sankara. Un nom qui signifie « le pays des hommes intègres ». Un nom qui engage. Et qui inspire. Sur le rectangle vert, cela se traduit par un football sans calcul, frontal, généreux. « On porte ce nom avec fierté. C’est une manière d’être, de jouer, de ne rien lâcher », lâche Fadil Barro, capitaine en l'absence de Zouré, défenseur central au caractère trempé.

Depuis le début du tournoi, les petits Étalons n’ont cessé de surprendre. Trois victoires en phase de groupes, puis un quart de finale maîtrisé contre la Zambie (6-1). Avant de buter sur le mur malien.

Une bataille mentale à gagner

Contre les Aiglonnets, les jeunes Burkinabè n’ont pas été dépassés. Mais ils ont flanché là où ça compte : dans la tête. « On a perdu la bataille mentale avant même de perdre celle du score », reconnaît Fadil Barro. Trop d’enjeux, trop d’émotion. Et pas assez de lucidité pour faire basculer le match au bon moment.

Pas question pour autant de s’effondrer. Au contraire. « Chaque erreur est une leçon. Chaque chute, une promesse de rebond. Le Burkina est un pays de résistance, et cette équipe le montre à chaque match », poursuit le défenseur.

« Quand tu tombes sept fois, relève-toi huit. » Le proverbe burkinabè circule dans le vestiaire comme un mot d’ordre. Pas de plainte, pas de fuite. Juste la volonté de transformer l’échec en tremplin.

Fraternité et rivalité

Un Burkina Faso – Côte d’Ivoire, ce n’est pas qu’un match. C’est un miroir. Une frontière entre deux peuples cousins. Oscar Barro le dit sans détour : « Côte d’Ivoire-Burkina Faso, c’est comme si c’était le même pays. Ce sont deux peuples totalement confondus. C’est comme deux frères qui jouent dans des équipes différentes : chacun veut gagner pour taquiner l’autre à la maison. »

Mais dans cette rivalité, il n’y a pas d’animosité. Au contraire. « Ce genre de match doit nous unir. Gagner la Côte d’Ivoire, c’est spécial, mais cela reste entre frères », poursuit Barro.

Derrière cette fraternité, il y a tout de même une médaille à aller chercher. Et pour les petits Étalons, elle vaut de l’or. Car elle récompenserait une génération courageuse, engagée, qui n’a rien volé. « On s’est bien préparé pour ce match. On est dans les meilleures conditions pour jouer à fond et décrocher cette médaille », insiste Barro, sans détour ni faux-semblant.

Pas de promesse tapageuse. Juste une certitude : ce groupe a encore une page à écrire. Et une CAN à conclure.

Un dernier combat

Dans l’intimité du vestiaire, les consignes sont claires. Pas de nostalgie, pas de calcul. Juste finir comme ils ont commencé : avec panache. « La rivière ne se vante jamais d’être profonde, mais elle finit toujours par emporter ce qui tombe dedans. » Une sagesse populaire qui résume l’état d’esprit de l’équipe. Avancer, tranquillement. Mais avec détermination.

Vendredi, au stade Larbi Zaouli, le Burkina Faso ne jouera pas seulement pour une troisième place. Il jouera pour un principe. Celui qui dit qu’une compétition ne se termine pas sur une défaite. Qu’on peut toujours sauver quelque chose. Une image. Une émotion. Une leçon.

« Le bois peut rester dix ans dans l’eau, il ne deviendra jamais un caïman. » Les petits Étalons ne se travestiront pas. Ils resteront fidèles à eux-mêmes. Fiables. Combatifs. Intègres.